FINO e ZINGUBA (*)

Bon dia les lémuriens,

Un petit tour en Angola.

Dans les avions vers l’Afrique, il peut regner une certaine ambiance en cabine. Ainsi vers Dakar c’est bon enfant avec des vacanciers décontrastés du sphincter (limite quand il pête il troue son slippeux)  ou ambiance de l’Afrique « Noah de coco » avec les sapeurs du Congo-Kinshasa. Là, sur ce vol vers Luanda c’est plutôt le car de PSA ou Mittal allant au turbin dans le petit matin.

Couleur ivoire, en effet 95% des pax sont des mecs du pétrole montant en Angola faire des rotations en offshore. Donc pas de déconnade à l’esprit FRAM ou de danses chaloupées de soukouss vibration — bref les mecs font la tronche.

Débarquement Luanda — 5h du mat’ — 2 heures debout pour passer au contrôle police
sachant que pour les visas à l’arrivée (mon cas) le fonctionnaire n’arrive qu’à 8h.  Bref une longue et délicieuse attente. À mon tour de faire la gueule de bois (d’ébène).

LOBITO

Rien de graveleux dans ce nom — navré. J’y atterris dans la foulée après Luanda et la belle surprise : un airport flambant neuf (un des 23 construits depuis 2010 lors de la CAF en bonus des stades de foot  bien sur construits par nos amis du Mékong), la Chinafrica fonctionnant à plein.

Lobito, ex cité du rail de la période coloniale portugaise, renaît à la vie avec la renaissance de la ligne de chemin de fer (Katanga – Lobito : 2800 km) pour export minerais de fer. Il faut dire que, en raison des longues guerres angolaises 1961/1975 (guerre coloniale) et 1975/2002 (guerre civile), le pays (surtout le sud) fut plongé dans une torpeur inquiétante. Et la c’est la chenille (loco) qui redémarre ; le comboio comme ils disent.

Découverte de la cité historique (jadis réservée aux blancs) avec maison coloniale  et le must l’hôtel Terminus à cote de la gare — kitsch à souhait : grands ventilateurs, lit à baldaquin et moustiquaire et un bar colonial comme on aime.

J’apprends vite à commander une pression et des cahuètes (*fino et zinguba). La bière locale, la CUCCA  bien ambrée à l’image de la serveuse (non j’ai pas pompé ça dans SAS).

Mon partenaire local, un noir américain, essaie de commander un mojito. Stupeur, le barman ne sait pas ce que c’est — et nous voilà à 1h du mat’ en train d’expliquer la recette de cette boisson festive — lorsque Abilio, le barman, comprend que c’est  un breuvage cubain, il éclate de rire. Fils d’un ex de l’UNITA  (guerilla anti-communiste), il nous dit « normal que j’ai pas appris à la faire ».

Le symbole de la ville : flamingos. On en voit sur la lagune et en poster partout dans

la ville fêtant son centenaire cette année.

Bref un bel endroit (encore « nature ») et la cité voisine BENGUELA à l’identique.

Tout le contraire de Luanda

LUANDA

Une des villes les plus embouteillées d’Afrique – avec Le Caire et Lagos. La circulation est bloquée à partir de 7h du mat’. Et surtout une des villes les plus chères du monde.

Ainsi les locations de bureaux ou appart’ se paient avec des tarifs de Paris ou NY six mois à un an en avance. Explication : rareté des offres et surtout interdiction à tout étranger (privé ou entreprise) d ‘acheter dans l’immobilier. Donc TOTAL/ESSO/CHEVRON  allongent du dollar pour avoir pignon sur rue.

Ville anarchique : les Chinois font les immeubles, les Brésiliens les routes et ça part dans tous les sens — ainsi les immeubles tout neufs cohabitent avec des bidonvilles qui, petit à petit, sont repoussés en dehors de la ville.

Autre secteur en plein boum : les églises — idem hi-tech  au milieu d’une misère poignante. Découverte d’une secte locale disant que JÉSUS vient d’Afrique avec fresques divines couleur noire.

Insécurité palpable : les riches Angolais et les expats se cloîtrent dans des condominio avec caméras et gardes armés. Ici pas de piratage idéologique mais du gangster crapuleux à la recherche de dollars ou de kwanzas.

À noter le retour au pays des ex pieds noirs portugais — car malgré tout ça le pays est en plein boum. On croise un nombre important de 4×4, presque autant que de candongueiros (taxi collectifs).

Bref, Luanda juxtapose un luxe indécent face à une misère palpable. La différence avec les autres villes d’Afrique, c’est que les deux sont étroitement imbriqués