Les Esquiches chantent le Calédonien

Quel beau match! Quel engagement!

C’est, me semble-t-il, ce que la plupart d’entre nous retiendra avant tout de cette fantastique virée au delà du mur d’Adrien.

Avant de rentrer dans le détail de notre pérégrination, il faut souligner la qualité du jeu proposé et le plaisir que nous avons tous pris à cette partie, nous les Esquiches du Pays d’Aix, mais également les Scots de Calédonie.

Passés le petit mot émouvant de Carmi et la minute de silence en souvenir de Doumé, puis un instant plus léger avec un Haka à la française et sa distribution de bouteilles de vin, nous sommes entrés dans le vif du sujet.

Plus exactement dans le vif du calédonien. La bataille fut âpre, chacune des parties envoyant la purée avec gourmandise. Les Gazelles à l’anglo-saxonne, tout devant, les Esquiches à la hussarde essayant d’envoyer la cavalerie dès qu’ils le pouvaient.

Pour cela il fallait commencer par une première bataille, la classique, celle qui commence devant. Un remake de Verdun : nous défendions la porte de France et ils ne passeraient jamais. Ce fut beau, ce fut lourd, on a bougé de la bidoche et tout le monde s’est envoyé. Leurs avants pilonnaient, systématiquement au ras, ce qui avait le mérite de nous laisser dans le rythme et de nous éviter de trop réfléchir. Pas de surprise, on va les prendre dans la gueule. C’est plus simple que d’avoir toujours à courir après l’action.

C’est ainsi qu’à la fin du premier tiers temps de 20 minutes, nous étions toujours 0-0 mais le match était tout sauf nul. Et nous étions tout surpris de si bien contenir la marée. Faut préciser que lorsque nous les avons rejoints sur le terrain, nous avons pu croire dans un premier temps qu’ils n’avaient que des 2ème lignes, ou autres avants survitaminés. En se retournant vers nous, petits français, on pouvait même trouver nos Esquiches sveltes et élégants, fluets mêmes. Chacun se fera sa propre opinion avec les photos témoins.

Pour ce premier tiers temps nous retiendrons la grande reculée d’Eric M qui reçoit le ballon en même temps que le premier centre bras grands ouverts. Le choc est d’une grande pureté et dans un acte spartiate Eric parvient à conserver le ballon et à se retourner. Bravo Eric et désolé, car c’est moi qui t’ai passé ce ballon pourri, dans un effort de le faire vivre qui n’avait plus lieu d’être. À retenir aussi, le manque d’oxygène de Jean-Christophe qui confond « suis au soutien » avec « va au sol » et qui explique ensuite à Richard que c’est à cause de son casque et qu’il n’entend rien. On était un peu dans le rouge.

Les Scots nous ont avoué dans leur discours d’après match qu’ils avaient été surpris par l’intensité du début de partie et qu’ils se demandaient comment ils allaient tenir comme ça encore 2 tiers temps. Comme quoi, nous sommes tous fait de la même étoffe, … celle des poivrots. Certains ont reconnu que nous avions été bien préparés physiquement et nous devons remercier ici le Dr K pour ses bons soins prodigués avant et après match. Les Gazelles nous ont avoué avoir également leur préparateur africain.

Le deuxième tiers temps allait donc montrer les faiblesses de cette débauche d’énergie. Les espaces grandissaient. Les gazelles plus adroites de leurs pattes arrière que de leurs antérieurs avaient cependant toujours du mal à attraper l’olive pourtant couverte de boue et la règle des vingt mètres leur fit ainsi manger 2 essais. Nous ne fûmes pas en reste. La polémique demeure ; qui fit le premier en-avant de Jean Louis ou de Mike sur une de ces percées qui nous amenait droit vers la terre promise. L’image repassera surement longtemps au ralenti dans l’esprit des témoins de manière plus insidieuse que les hurlements d’un Bernie à Mayol.

Le fait marquant du 2ème tiers temps sera sans aucun doute l’essai marqué par les Esquiches, bien construit dans un maul pénétrant opportunément initié par les gros et terminé par les mêmes, Greg, Marc, Rémy, Le Prèze, Motta toujours dans les bons coups avec Christophe pour la finition et son happy ending. Le tout sous les directives époumonées de Kelbé. Ils méritaient ce petit moment de gloire sous les projecteurs.

Parce que de leur côté, les arrières continuaient d’envoyer du bois, et ça courrait, ça courrait même beaucoup, Stéphane re-allumait la mèche, (question de culture et ça le changeait de la clope) une énième fois et on voyait Thibaut s’activer comme souvent au point que les Gazelles devant cette menace grandissante décidèrent de lui abîmer un ligament. Ce ne fut pas là leur seule traîtrise, c’est également le moment qu’ils choisirent pour arrêter la règle des 20 mètres.

Le 3ème tiers temps fut à l’image du premier, l’appétit en moins, l’énergie du désespoir en plus. L’esprit du jeu était là assez bien partagé par tous. Par tous ? Non, un irréductible néo gallois d’Australie ne goûtait pas ces règles civilisées et souhaitait les harmoniser avec celles de Blood Sport. Le fautif était identifié et allait être châtié. Un peu par chacun d’ailleurs, mais aucun ne se fit prendre. Même pas Baylou qui se souviendra qu’il n’est pas possible de faire un croque, surtout à un kangourou, et Skippy ne se souviendra finalement de rien dès que son cocard aura disparu. On peut remercier Bastien, pour ses remontées de balles au milieu du trafic, le pied de Carmi qui nous a donné de l’oxygène plus d’une fois et toujours ces plaquages dévastateurs salvateurs de tous, même des ailiers et Jean-Christophe à défaut d’avoir de beaux ballons exploitables mettait lui aussi la main au haggis et stoppait un centre qui le faisait une fois et demi. Au ras, Richard n’en finissait plus de nous replacer avec le discernement qui commençait à nous manquer depuis 50 minutes. Et toujours le soutien permanent de Fu, Pee Tee, Jean-Louis… Dans un dernier sursaut le Lion de Venelles (Marc L) crinière au vent venait découper la plus jeune gazelle égarée du troupeau (cf photo), histoire de lui montrer que les vieux savent encore rugir. Nous avions tenu, à défaut d’avoir gagné.

Nous pouvions nous en retourner, les godasses lourdes mais le cœur léger, là où nous avions commencé, sur le bord du terrain avec un verre de Scotch généreusement offert au bar du pub juste avant le match et en bouteille ensuite, sur le pré afin que nous ne manquions de rien pendant les festivités.

Cet élan d’avant match était venu réchauffer nos corps un peu refroidis par l’accueil de Hugh (leur président) qui nous annonçait à peine arrivés que l’eau était coupée et qu’il n’y aurait pas de douche (je n’ose, à cette idée, imaginer la suite de l’après midi quand je revois la mine lourdement chargée de boue de Stéphane B) et nous laissait apercevoir les maillots de nos protagonistes, bien rangés un par un sur les portemanteaux, attendant leurs golgoths respectifs. Pour couronner la mise en situation, nous voyions afficher sur la porte de notre vestiaire le programme de l’après-midi qui nous identifiait comme «French Tourists». Les touristes ont fait le job. Et Greg élu «Homme du Match» ce qui n’était que justice. Perso j’aurais voté François Catelin qui a pu faire un bon coaching, ce qui, il y a 2 semaines était encore inenvisageable et surement de belles photos si nous récupérons l’appareil de Kelbé.

À ce sujet, il est fondamental de rapporter ici les paroles de l’arbitre à l’issue du match: «Votre équipe a joué dans un esprit remarquable, je n’ai rien entendu de la part des joueurs pendant le jeu et je me suis donc régalé à vous arbitrer. Vous vous êtes vraiment bien comportés… j’espère avoir l’occasion de vous ré arbitrer dans le futur». C’est ptêt’ pour ça qu’il a rien dit quand Skippy s’est fait châtier. Je propose que la phrase soit inscrite, gravée dans sa version d’origine au dessus du bar des Esquiches.

Une troisième mi-temps très British; short food, huge pintes and loud songs !

La mission accomplie, les divertissements pouvaient commencer. Mais ça continuait fort avec, d’entrée de pause et presqu’avant la bière, une part épicée de haggis et de purée de citrouille. A ce stade nous commencions à nous demander si nos hôtes ne souhaitaient pas se débarrasser de nous avant le journal des sports sur Sky TV.

Vint alors le discours des présidents et les rituels tant appréciés des connoisseurs, les pénalités, les jeux du « quelle sélection boit le plus vite », le tout cadencé par des chants de part et d’autre, une version très réussie d’Alouette et ses swinging tits, huit sur la chaise et une femme au milieu (gourmande), un petit Ricard dans un verre à ballon et ses portés instables, un Coupo Santo et pour finir un Flower of Scotland chanté par les Esquiches en l’honneur de leurs hôtes. La larme à l’œil essuyée, ceux-là se sont fait un honneur de nous terminer le dernier couplet que l’on entend que très rarement.

Il était temps de partir avant le passage du dernier train et de rentrer en ville.

Le reste de l’histoire est éclaté en de nombreuses saynètes qui ont éclairé Glasgow en ce samedi soir d’après match et qui ne manqueront pas de venir agrémenter nos fins d’entraînements au bar du Val de l’Arc. Mot de passe : Missoula.

Ne manquez surtout pas de demander:

  • Une version du Karaoké de Carmi voulant chanter Aznavour au fond d’un pub écossais
  • Les bottes de plongée qui vous gardent sur le fond aquatique du Missoula
  • The Pee Tee Beun factor, ou l’homme au 300 identités ?
  • Les huîtres chaudes au fromage et au bacon
  • La phase Nirvana d’Eric sous les effets des médocs
  • L’indien et ses plats qui vous met la bouche en carton pour le reste de la nuit
  • La mode vestimentaire et sans doute alimentaire des teenagers locales
  • Le Horse Shoes Bar génial, mais qui ferme à 0h30
  • Le Pot Still bar et ses 900 références de whisky

Heureusement nous avions un hôtel de grand standing pour nous reposer quelques heures avant l’ascension de la distillerie du lendemain. Deux d’entre nous n’ont pu cependant rentrer dans les douches : Rémy, en hauteur et Stéphane B en largeur. Une demi-douzaine s’est gelée en ouvrant l’eau et une autre brûlée en essayant prétentieusement de comprendre le fonctionnement du mitigeur sans sortir de la douche.

Parmi les points à ajouter à nos fichiers, il me semble important de parler et d’identifier le niveau de ronflement de chaque Esquiche afin de se répartir, la prochaine fois, de manière homogène dans les chambres. Sound of Silence, chambre 1, le silence des agneaux Chambre 2, le Train sifflera 3 fois chambre 3, et Apolaypse Now chambre 4. Le podium pour ce déplacement a été formé de Baylou qui l’emporte d’une demi-narine sur Marc Laporte qui donne l’impression qu’il va mourir étouffé (c’est l’excuse que donnent les autres pour le réveiller) et Rémy qui récupère une médaille de bronze de haute lutte. Au pied du podium la bataille fait toujours rage pour savoir qui se verra, la prochaine fois, attribuer le 4ème lit et un ticket pour l’enfer dans cette chambre de fous furieux des naseaux.

Un dimanche à la campagne
Dimanche, il fallait pouvoir récupérer et essayer de capter un soupçon de plus de cette culture écossaise qui nous attire tant. La pêche à la mouche ayant été fortement déconseillée par les opticiens, le tir à l’arc par l’ensemble de la faculté, les musées par instinct de conservation et la promenade en bateau par peur des dégazages impromptus, il ne nous restait que la distillerie.
Celle de Glengoyne avait 3 avantages majeurs, elle n’était pas trop loin de Glasgow, proche d’un bel endroit, le Loch Lomond et bien préparée pour la réception de touristes. On peut regretter que le goût pour la langue française se soit éteint il y a un demi siècle et que les fraîcheurs qui officiaient comme guides soient désormais dédiées aux chinois, russes et autres orientaux. Notre hôtesse connaissait bien son sujet et l’a présenté de façon très didactique. Au delà du whisky, vous aurez pu noter les points qui relient les membres de la grande famille anglo-saxonne. Et surtout : qu’est-ce qui distingue un anglais d’un allemand? – Le sens de l’humour. Vous remarquerez que cette distinction ne s’applique pas à toute la gente britannique. Sinon, côté ordre et didzipline, ze sont les mêmeuh. Nous en avons eu un autre exemple au pub qui nous refusa le service de la bière avant 12h30. Cette loi du week-end a été abrogée depuis maintenant pas mal d’années pour un service à partir de 10h30 le dimanche. Certains pubs sont restés sous l’ancienne loi. Ne me demandez pas pourquoi.
La visite s’est donc terminée de façon bucolique sur les bords du Lomond, encore quelques bières avant le retour en ville pour d’autres whiskies, il nous en restait encore entre 50 et 60 à goûter.
Ce fut une belle histoire!

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